Les crabes et ces petits chasseurs de taille

Sous les rails qui enjambent le lac Togo à la heuteur de Kpémé, sur l’axe cotier Lomé-Aného, se déroule la chasse aux crabes pratiquées par des personnages les plus insoupçonnés...

Kpémé, sur l’axe côtier Lomé-Aneho. Après Agbodrafo, une petite colline. A ce point, par dessous la route, la ligne de fer, la ligne conduisant vers la mer les phosphates de Vo. Par dessus le lac Togo, la suite des rails sur un pont métallique monté sur du béton. De l’autre côté du lac, Togoville. De ce côté, comme de l’autre, au bord du lac, des séances de pêche ou de chasse, c’est selon.

Des pièges à crabes atypiques

Ici, sous ce pont, quatre petits garçons. Munis de sac, de coupe-coupe et de pièges à crabes.
Des pièges plutôt ingénieux: une veille boîte de conserve, une tranche de vieilles chambres à air, un petit bout de rayon de vélo et un bout de planche. Comme appâts, soit on morceau de manioc ou une noix de palme mûre.

Un crabe au bout du suspens!

Dans la boue noire au bord du lac, au milieu des trous ouverts par ces crabes, des pièges cachés sous des débris d’herbes. Depuis le dessous du pont, les pièges sont guettés. Combien de pièges tendus actuellement ? « Dix », me réponds Koffi, 10 ans environ. « Avant j’en avais une vingtaine mais les vrais propriétaires finissent par en emporter » ajoute-t-il avec ironie.
Soudain, « Pan! ». Un piège vient de se refermer. Voici le moment tant attendu, l’appel de la chance. Mais le risque de déception existe à l’ouverture. La peur de retrouver le piège vide. Mais là, c’est le bon. Une prise de plus. Direction le grand sac. A l’intérieur, des crabes, gros et roux avez les pinces en l’air.

Après le passage du train au dessus de nos têtes, voici d’autres passagers du pont. Ils arrivent de l’autre côté du lac. Ce sont de jeunes gens, de retour de la pêche sur l’autre rive.

Vous allez de l’autre aussi? « Plus maintenant, » me répond le petit Koffi, visiblement chef de l’équipe. « Si les autres savaient ce qu’on pouvait trouver ici, ils n’iraient pas jusque là », me confie-t-il.

A la fin de la partie, me disaient-ils, ces crabes sont vendus aux bonnes dames du quartier. Cela leur permet de de faire de petits sous pour le petit dejeuner à l’école. Bien que cette activité, là, ne soit pas sans danger pour ces tout-petits, elle constitue un temps d’apprentissage susceptible de leur conférer des aptitudes particulières pour l’avenir.