Le sport et l’argent : où est le fairplay ?

Article : Le sport et l’argent : où est le fairplay ?
Crédit: © REUTERS/Arnd Wiegmann
17 juillet 2024

Le sport et l’argent : où est le fairplay ?

Aujourd’hui, le sport rime avec argent. Du moins le sport dit professionnel. L’argent y coule à flot. Tout le monde ou presque y gagne et très bien. Pendant ce temps d’autres secteurs d’activités, plutôt vitaux et suffisamment pénibles s’en sortent bien mal. Où est donc le fairplay ?

Le sport professionnel : de l’argent en spectacle !

Un tapis rouge vers une estrade portant un coffre avec des billets sur les marches
L’argent en spectable. Crédit : Freepik

Après la CAN 2024 remportée par la Côte d’Ivoire, le président ivoirien avait annoncé que chaque joueur recevrait 50 millions de francs CFA et une villa d’une même valeur. Ça c’est juste un cadeau de la part du Président du pays… Sur ce ma femme me demandait si tout cet argent dont on parlait pour les joueurs, c’était vraiment vrai. Je lui avais répondu oui, que c’était vrai. Au cours de la finale de l’Euro 2024, la même question était revenue à propos d’un joueur espagnol de 17 ans. Ma réponse n’avait pas changé. Et elle dit : « qu’est-ce qu’il va faire avec tout cet argent, un enfant de 17 ans ? »…

Pourquoi autant d’argent dans un milieu de spectacle ?

Je crois que ce milieu est conçu et soigneusement organisé pour que l’argent y coule bien. Les hommes ont su mettre en place tout ce qu’il faut pour que ça fonctionne comme cela. Une bulle très très juteuse.

Les pratiques en dessous ne sont pas toujours des plus orthodoxes. Mais ce n’est pas bien grave. Que le meilleur gagne ! Les réalités du capitalisme y obligent.

Le sport : quand jouer paie plus que travailler

Ce n’est pas comme si jouer à un jeu sportif n’était pas du travail. Mais dans l’imaginaire collectif, ce n’est pas la même chose.

Dans le milieu sportif, les prestations sont désignées par le terme « jeu » ou par d’autres termes mais à connotation ludique. Alors que pour un médecin, un enseignant, un ouvrier… les termes utilisés renvoient à quelque chose de plus « sérieux ». Par exemple, pour le sportif, on dira qu’il a joué, qu’il a couru… pendant 10 ans, 20 ans… Mais pour un médecin, un enseignant, un ouvrier…, on dira qu’il a soigné, enseigné, travaillé…

Une enseignante assistant des élèves en classe
En classe. Crédit: Freepik

Du coup, quand ça gagne allègrement dans le milieu de jeu mais maigrement dans les milieux de labeur, on se demande où est le fairplay…

Le sportif se fait plaisir (au football, basketball, tennis…) quelques heures dans le mois et il empoche 15 fois plus qu’un médecin ou un enseignant dans le même pays. Et ça, c’est le moins qu’on puisse dire. Vérifiez par vous même. C’est simplement hallucinant !

Le sport, c’est bien. Mais, sous l’angle spectacle, c’est du divertissement après tout ! Il y a plus important que de se divertir, n’est-ce pas ? Par exemple manger, se soigner, s’instruire…

Si les durs travailleurs des secteurs vitaux de la société sont largement moins payés que ceux qui offrent du spectacle, à quoi est-ce que cela rime ?

Et si l’argent coulait dans les autres secteurs comme dans le sport ?

Pourquoi les autres secteurs d’activité ne sont pas aussi lucratifs et juteux ? Pourquoi ne sont-ils pas aussi bien organisés pour que tout le monde y gagne un peu ? Ne serait-ce que ce qu’il faut pour ne pas crever de faim. La question paraît naïve, n’est-ce pas ? Mais pourquoi ne pas se permettre un peu de candeur dans un monde en pleine démence à cause des questions savantes? Dans ces pays où l’argent coule à flot dans le sport, le football notamment, existe une catégorie d’hommes officiellement marginalisés. C’est une catégorie qui n’est ni professionnelle, ni rien. Mais elle est très reconnaissable, très visible. Ces gens ont un nom officiel. Un acronyme en trois lettres : SDF. Ceux-là sont dépourvus de tout dans un pays où les revenus à la minute de certains pourraient suffire pour d’autres. Où est le fairplay ?

Un sans-abri assis avec des cartons, un verre et une assiette
Sans abri. Crédit : jcomp via Freepik

Le milieu sportif : le reflet d’une injustice sociale généralisée

Chez moi, il existe de larges couches socio-professionnelles qui passent toutes leurs journées à bosser, du matin à tard le soir, dans des conditions insoutenables. Il faut les voir dans les usines, dans les marchés, dans les champs… Mais ceux-là, ils ne pourront jamais gagner de toute leur vie, ce que d’autres gagnent en un mois en offrant du spectacle sportif. Cependant, ce sont des gens qui peuvent avoir jusqu’à quatre âmes à élever. On me dira peut-être, pourquoi doivent-ils en avoir jusqu’à quatre quand ils n’ont pas beaucoup d’argent ? Eh bien, un homme ça n’a pas de prix !

trois personnes dans un champs de manioc
Femme et hommes dans es champs / Freepik

Le sport, c’est du travail ! Oui, c’est vrai. Mais il y a d’autres secteurs encore plus importants, où évoluent des hommes et des femmes aussi humains que les autres. Ainsi le sport a besoin de beaucoup plus de fairplay que ça !

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