Togo : les réalités des producteurs de riz à Djagble

Article : Togo : les réalités des producteurs de riz à Djagble
Crédit: bktevi
29 août 2022

Togo : les réalités des producteurs de riz à Djagble

La riziculture fait partie du Projet de Développement Rural de la Plaine de Djagble (PDRD). Après la construction des infrastructures et l’aménagement du périmètre, enfin l’exploitation. De la production du riz depuis un peu plus d’un an maintenant. Les exploitants sont des coopératives locales. Au-delà des images, de la littérature et des discours, voici la réalité des exploitants privés.

Les imperfections de l’aménagement à Djagble

de l'eau sur un périmètre aménagé de djagble
Les excès d’eau s’infiltrent dans le périmètre par les digues de la limite sud. Crédit: bktevi

La saison dernière, le grand bassin était à sec. « C’était des rivalités autour du peu d’eau disponible. Alors, nous passions des nuits à pomper le peu qu’on pouvait, mais hélas », confiait un exploitant remonté. Les cultures s’en étaient retrouvées mal. Des pertes au bout du compte. Du coup il faut rembourser les créanciers privés. Cette saison, les excès d’eau ont emprunté la vanne de la limite sud pour inonder les terres situées sur cette limite. La raison ? « La pente à ce niveau n’est pas très efficace et les drains d’évacuation sont inopérants », expliquait le responsable d’une coopérative interrogé.  « Donc l’eau a pris les 2/3 de notre périmètre. Pour une autre coopérative, plus de 30 hectares sous l’eau », ajoutait-il. Cependant, pour chaque saison, deux redevances à payer, pour la terre et pour l’eau. Les deux faisant 60 000 F CFA l’hectare.

Défis de financement

de jeunes plans sur des pièces de monnaies
Crédit : freepik

Pour le projet, l’Etat avait déposé un fonds de garantie auprès du Mécanisme Incitatif de Financement Agricole (MIFA). L’objectif ? Faciliter aux coopératives l’obtention de crédits auprès des banques. Mais pour les coopératives, les procédures se sont avérés exigeantes et couteuses. Des experts qu’il faut payer pour monter le dossier, le taux qui est plus élevé, des agrégateurs qu’il faut trouver… « C’est comme si dans cette affaire tout le monde veut manger » soupçonnait l’exploitant privé dans un sourire moqueur. Au début, un agrégateur, c’est-à-dire une société qui devrait acheter la production s’était présentée. Mais elle n’était plus revenue après les premières discussions. Alors pour ces coopératives, l’alternative, c’est les créanciers privés : des microfinances ou des individus. « Toutes les cultures que vous voyez depuis la piste principale, sont celles des coopératives qui ont pu obtenir des financements des microfinances grâce à un exploitant privé qui s’était porté garant », indiquait le producteur.

Manque de machines sur les aires de Djagble

un mécanicien assisté de deux autres travaille sur un motoculteur en panne dans le périmètre rizicole de djagble
Réparation d’un motoculteur en panne en plein travaux. Crédit: bktevi

A la disposition des producteurs, six motoculteurs gérés par le Comité de Gestion du Périmètre (CGP). Dans la réalité, ces machines se sont avérées peu performantes puisqu’on déplore des pannes régulières. Le projet dispose d’une chaine de décortiqueuse mais… qui ne tourne pas encore. Elle dort toujours dans les bureaux. Du coup une entreprise privée a installé une décortiqueuse et se propose d’acheter aux producteurs le riz.

Considérant le nombre d’exploitants et le temps de séchage, « les aires de séchage prévues ne suffisent pas. Donc il faut trouver d’autres alternatives afin d’obtenir du riz de bonne qualité » expliquait le prestataire privé.

Les images peuvent être très belles et évidentes mais la réalité a ses propres images qui ne sont pas toujours évidentes. C’est pour cela que nous avons besoin de faire correspondre nos actions à l’idéal que nous décrivons par des images partielles autrement, ce gros investissement à Djagble risquent de ne pas produire les résultats tant chantés.

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