Kossi Assou ou l’art de la singularité.

Article : Kossi Assou ou l’art de la singularité.
Crédit: Ayao
1 octobre 2021

Kossi Assou ou l’art de la singularité.

Non seulement il est grand de taille, mais aussi d’esprit. D’une humilité rare, il a un grand sens de l’humour pour un intellectuel de son rang. Lui, c’est Kossi Assou, le très original artiste plasticien et designer togolais. Il nous reçoit dans sa verdoyante demeure et dans une atmosphère particulièrement décontractée à Djassémé, près de Agbodrafo et pas très loin du lac Togo. Au menu des discussions, plusieurs sujets et pas des moindres…

Pour ne pas faire un fourre-tout, on évoquera ici, seulement ce que Kossi pense de l’art et de ce qui doit être l’état d’esprit de celui qui le fait.

Kossi Assou : l’authenticité à fleur de peau

Un samedi matin. Il sonne 8 heures et demi. Nous sommes quatre, assis avec lui sur une terrasse autour d’une grande table dont la surface est en marbre. Sur la table, de l’eau et de délicieuses galettes servies par la dame de la maison. Autour de nous, des œuvres d’art de toute espèce. Des tableaux, des masques, des sculptures… Tout de blanc vêtu, le designer est assis à l’autre bout de la table. En fond sonore, les chants d’oiseaux. « Vous êtes chez vous », rassure-t-il après nous avoir demandé d’occuper les autres places autour de la table. Excusez-moi de vous épargner les détails des présentations… Cependant, une chose mérite d’être soulignée là : le plasticien est particulièrement sensible aux prénoms. Il n’est pas tout à son aise avec les prénoms importés. En effet, il s’agit là d’une posture qui traduit clairement sa vision de l’art. Et il nous expose cela sans détour.

L’artiste et le piège du conformisme

À travers des illustrations simples, l’illustre hôte souligne d’abord l’importance de la formation, soit classique, ou en autodidacte assumé. Après l’académie, il faut, ajoute-t-il, « de la détermination, de l’abnégation, du travail et croire en ce que l’on fait »,  Cependant, pour celui qui est professeur, à l’EAMAU, « avoir été dans une école d’art peut être un privilège mais également un handicap ». Comment ce deuxième effet peut-il être possible? Le piège du conformisme. « Si on ne sait pas oublier l’académisme, on devient conformiste », explique-t-il.
Il fustige alors ce qu’il appelle la « non-culture »(l’appropriation pure d’une culture qui n’est pas la sienne) et dénonce les affres de l’acculturation dont j’ai évoqué un aspect dans un article antérieur.

La singularité, c’est dans la culture de l’artiste

Entre deux blagues particulièrement drôles dont il a le secret, Kossi ressort les richesses de la culture noire en général et de la sienne en particulier. Pour ce digne fils du Togo né en Côte d’Ivoire, l’artiste doit être profondément imprégné des paradigmes de sa culture, de sa tradition. Car c’est là qu’il doit tremper ses pinceaux, puiser de la matière pour produire des œuvres originales.
Pour celui dont les fresques ornent de célèbres artères de la ville de Lomé, l’art, lorsqu’il est original, singulier, et authentique, suscite de l’intérêt. Et là-dessus, il dit: « c’est lorsqu’on exprime sa singularité qu’on devient remarquable ».

Chaleureux remerciements à ce grand artiste et intellectuel africain dont la grande disponibilité nous a permis de le connaître mais aussi d’en savoir davantage sur le domaine de des arts plastiques. Il me tarde de retourner aux pieds de celui que nous appelons affectueusement « doyen » et dont les grands rires aux éclats résonnent encore dans ma tête….

Kossi Assou, sa femme et nous. Crédit : Inandjo Assou
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